• 22

    ~Narration externe~

     

    Le pardon. Il est difficile de se le faire accorder n'est-ce pas? Ou plutôt d'effacer la faute commise, de la chasser de sa mémoire. De faire de ce pardon un nouveau départ. L'irréparable existe, et il demeure parfois qu'il est impossible de passer au dessus, et d'accepter l'erreur. Chacun d'entre nous est loin d'être innocent. On a tous outrager un être, volontairement ou non. Car nous connaissons tous ce proverbe qui est si simple en sa prononciation, mais qui signifie beaucoup: «Le bonheur des uns fait le malheur des autres.»

     

    Le jeune Russel, depuis près de deux jours se laissait gangrener dans un coin de sa chambre, n'en sortant que pour de maigres besoins. La présence de son géniteur l'irritait sensiblement, et rien que d'entendre au loin ses pas dans l'appartement lui hérissait les poils. Un mélange de haine et de violence formait un cocktail explosif qui germait en lui de jour en jour. L'adolescent lui en voulait, c'était certain. Il lui en voulait de ne pas avoir été là aux moments opportuns, mais aussi lors de divers événements qui ne se produisaient qu'une seule et unique fois dans une vie. Ces choses là avait une valeur aux yeux du potentiel orphelin qu'il était, et qu'il est toujours. La vie en famille, il ne l'avait pas connu.

     

    C'est ce qui pourrait alors expliquer son esprit solitaire. Tout ceux qui connaissent assez bien Kyio le savaient très bien, et c'est ce qui fait qu'il n'a pas vraiment beaucoup d'amis, de vrais amis. Loin de là, la grande quantité de personne qu'il côtoyait et son attachement pour les relations d'un soir. Les êtres humains qu'il rencontrait était soit frustré par sa personnalité, soit admiratifs et incultes de la façon dont il fallait agir en sa compagnie. Kyio avait tout de repoussant aux premiers abords, mais il fallait creuser pour découvrir sa générosité, détruire sa carapace afin de le rendre plus vulnérable et donc plus fort. Cela, personne n'y était arrivé, du moins et peut-être pas encore.

     

    Sa vie de tous les jours trahissait ce qu'il avait envie d'être au fond de lui. Elle l'enfonçait, l'empêchait petit à petit de faire resurgir ce qu'il avait de bien à donner autour de lui. Mais certainement pas à son «père». Cet être insignifiant qui représentait une partie de cette vie, une partie du mal qui tapissait le cœur meurtri du jeune homme, que ce dernier aimerait tant décoller, voire arracher de toute force. Le voir disparaître c'est ce qu'il souhaitait, c'était un de ses premiers vœux. Kyio était persuadé que ne plus avoir affaire à lui allait lui rendre une part de bonheur tant méritée. Mais au fond, était-ce vrai?

    -Kyio..? se fit entendre une voix grave de l'autre coté de la porte, assez timide, voire apeurée.

     

    Cette simple appellation fit soupirer le concerné, déterminé à couper définitivement le dialogue avec cette personne. Une personne qui n'avait donné que sa liqueur afin de faire ovuler une femme, et qui n'avait pas assumé ce qui avait été conçu. Il n'était pas le premier certes, et était loin d'être le dernier, sauf qu'ici, ce n'est pas la mère qui reprochait l'absence du géniteur, mais bel et bien l'enfant. Un enfant qui commençait à regretter son existence sur Terre, et qui se posait des questions sur l'être qu'il était, et quel rôle devait-il avoir ici, puisqu'il y était présent.

     

    -Je t'ai préparé à manger insista le quadragénaire avant de souffler, mon garçon..

     

    Ces derniers mots prononcés, son interlocuteur les avait bien entendus, et cela le dégoûtait davantage, renforçait sa rage palpable par ses mains tremblantes,ses dents qui crissaient à l’intérieur de sa bouche ainsi que par son regard soutenu vers la provenance de cette voix. Kyio était en train de se transformer en bête sauvage, ne réfléchissant plus à ses actes, être dans cet état était devenu un instinct. Un instinct de survie.

     

    Afin de tenter de se calmer, il se leva et prit son Ipod. Il s'assit sur le rebord de sa fenêtre, mit son casque sur les oreilles et augmenta le volume au maximum de sa puissance. Puis il sortit de sa poche un des joints qu'il avait roulé ces derniers jours (n'ayant eu quasiment que ça pour s'occuper), et un briquet. Il se l'alluma alors,et tira une grande taffe dessus, bien décidé à penser à autre chose.

     

    Tandis que le géniteur de ce dernier, entendant la musique de là où il était, résigné à de l'impuissance face à l'entêtement de son enfant, se leva. Il posa l'assiette de pâtes qu'il avait pris soin de préparer sur le comptoir de la cuisine, contre lequel il s'appuya ensuite. La tête entre les mains, inquiet de la route qu'empruntait son enfant, il cherchait une solution à tout ça, en vain. Une larme maligne suintait sur les traits durs de son visage, une larme qui atterrit sur le carrelage dur et froid, symbolisant la situation présente entre ces deux jeunes gens. Peut-être était-il trop tard...

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 23 Décembre 2013 à 12:12

    Trop tard :(( ça va le ruiner s'il roule quasi en continue :P j'aime beaucoup ce personnage en décadanse :3

    Ca fait plaisir de relire un peu de ta pate, continue <3

    2
    Mercredi 22 Janvier 2014 à 20:21

    C'est triste :( Paurve Kyio et son papa....

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :