• 07

     

    ~Narration Gabrielle~

     

    Le radio réveil venait d'annoncer 8h30 tapantes. Immédiatement, je tapotai dessus pour faire stopper ce cri strident, qui pourrait en frustrer plus d'un. L'appareil ne cessait pas pour autant son grincement, et je m'acharnai dessus, donnant de grands coups à l'aide de la paume de ma main. On était samedi et je ne comprenais aucunement pourquoi cette fichue alarme était activée. Encore un oubli de Tyson sans doute. Lui qui avait une vie bien rangée et comptée. Ses gestes se répétaient machinalement parfois. Dés que le week-end arrivait, ce dernier était presque perdu. Cela me faisait rire souvent, le regardant se lever en sursaut en voyant l'heure tardive qu'il était. Mais ce matin, c'était plutôt le contraire, à rajouter qu'en plus on avait passé une nuit assez éprouvante...

    -Ty'...ronchonnai-je,laissant tomber ma tête sur l'oreiller en soupirant, me recouvrant de la couette, la lui piquant pour l'occasion, les yeux fixés en direction du plafond blanc, t'aurais pu éviter tout de même...

     

    Ce dernier se frotta les yeux péniblement, visiblement le réveil ne semblait pas facile non plus. Et je le constatai avec joie intérieurement.

     

    -Désolée mon cœur....lâcha-t'-il d'une voix faible, portant une main à sa bouche avant de bailler, pas fait exprès...

    -Ta sentence va être lourde mon grand...annonçai-je d'un air malin, alors qu'il tournait la tête vers moi, les yeux mi-clos, attendant que l'information arrive à son cerveau,sans aucun doute affaibli par le sport de chambre de la veille.

    -Hum? Et donne moi un peu de couette, j'ai froid moi euh! M'arrachant le drap avec une force de titan, pour me taquiner, jouant l'enfant. Pour changer. Il modifia sa position et se mit dos à moi, simulant une bouderie.

    -Privé de bisous et câlins jusqu'à nouvel ordre mon petit. Tu veux jouer, et bien jouons! Pris-je un air faussement sérieux, me mettant à genoux sur le matelas, impatiente d'apprendre sa réaction, les bras croisés.

    -Gnéééé! T'as pas le droit de me faire ça! C'est pas juste!

    -Et si.

    -Non... je peux pas me passer de toi moi...

    -Ohhhh mon chouuu! Me moquai-je en pouffant, tout de même touchée par ces quelques mots.

     

    Et sans que je ne m'y attende, il m'attrapa par la taille et me fit virevolter au dessus de lui, son regard transperçant le mien. Je me retrouvai alors électrisée par ce contact, l'intensité de l'amour qu'il me transmettait me troublait. J'étais plongée dans ses yeux couleur aciers, sentant son souffle prés du mien au creux de mon cou, ayant la sensation de planer agréablement. Ce mec m’hypnotisait. J'avais ma poitrine plaquée contre son torse si musclé, ses mains m'entouraient avec possession et protection, et cette distance accentua l'effet qu'il avait sur moi. Ma fréquence cardiaque s’accéléra, comme une adolescente boutonneuse qui sortait avec son tout premier copain.

     

    Je mourais d'envie de l'embrasser, mais j'avais un sermon à tenir. Et je voulais le gagner, afin qu'il cède en premier à la règle que j'avais imposée. Ma raison vainquit mon envie et ce fut ma moitié qui posa sa bouche sur la mienne afin de former une parfaite harmonie. Je ne protestai pas, répondant au doux baiser qu'il venait de m'apporter. Une légère vague de chaleur m'envahissait, et je me laissais transporter par cet échange des plus habiles. Tous mes sens étaient en éveil. Des papillons, des milliers de papillons battaient des ailes à l’intérieur de mon ventre à bride abattue. Le temps semblait s'être figée un court instant, et je profitais de cette gourmandise si exquise qui venait de s'approfondir en un sensuel balais. Mes yeux se fermèrent machinalement et mes fines mains se posèrent de chaque coté de son visage. Nous étions comme dans un monde parallèle, un monde qui nous appartenait, que nous avions forgé au fil de notre relation. Nous le retrouvions chaque jour où nous partagions des choses ensemble, unis, hautes en couleurs. Je désirais plus que tout au monde le posséder à jamais, je me projetais un avenir avec lui malgré mon jeune âge, je m'imaginais mère de ses enfants, et épouse parfaite, venant à la rescousse de ses ennuis, même les plus moindres. Je souhaitais qu'il soit là lors de mes moments de doutes, de peur, de joie, de déprime.

    Un amant. Un frère, un meilleur ami, une moitié. Un âme sœur.

     

    Cet homme me complétait, il savait satisfaire mes désirs, et m'aimait pour moi, et non pour mon physique (qu'il trouvait si parfait malgré moi). Il acceptait mes défauts, mes humeurs, et ne s'en plaignait que très peu. Il remplaçait petit à petit mon passé par un merveilleux bonheur, embellissait mon présent et faisait de mon futur une valeur sûre à ses cotés, un paradis. Quoi qu'il puisse se passer à l'avenir, tant que je l'avais avec moi, rien ne me manquait. Il me comblait comme aucun autre homme avant ne l'avait fait.

     

    Malheureusement,une sonnerie coupa cet instant si magique, et j'en maudissais le fautif, pour quel que motif que ce soit. Ce n'était pas le radio-réveil cette fois (heureusement pour lui où il aurait fini encastrer contre un mur), mais bel et bien mon cellulaire, faisant trembler la table de chevet en imitant le bourdonnement d'une abeille. Je me détachai de ses lèvres à regret avec suavité, et décrochai sans regarder de qui il pouvait s'agir.

     

    Après quelques brefs mots de mon interlocuteur qui n'était personne d'autre que ma meilleure amie je raccrochai, et l'expression de mon visage vint ternir ce décor si jovial. Ma voix se coupa, que je ne savais quoi répondre. La nouvelle m'avait abattue d'une traite. Tyson, inquiet, vint me serrer contre lui, avec le pressentiment que quelque chose ne tournait pas rond.

     

    -C'était Tiara. Sullivan est à l’hôpital Ty', et il est actuellement entre la vie et la mort... me calai-je contre lui, bercée par le rythme de son cœur, essayant d'avaler ce que je venais d'apprendre...

     


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  • 08

    (pas obligatoire)

     

     ~Narration externe~

     

    Le temps faisait de nous une victime en toute circonstance. Que ce soit pour nous arracher à nos moments riches en gaieté, ou nous obliger à faire les cent pas dans le couloir, en attente d'un verdict, quel que ce soit le degré d'importance de ce dernier. Il était impitoyable, sans bonté d'âme. Il faisait de la patience une vertu rarissime, une qualité admirable.

     

    Pour ce garçonnet, ce temps lui rongeait l’intérieur. A peine âgé de 8 printemps, il n'avait jamais effleuré ce genre de situation. Cette situation où tout lui échappait, où tout lui revenait en tête, ou la culpabilité s'installait et alourdissait sa conscience. Oui, le petit Tom se sentait fautif de l'état de son grand frère. Il l'avait regardé, inerte au sol, les yeux rivés en sa direction se fermer petit à petit, pendant que son corps était en train de le quitter. Il se rappelait de sa main, qui se serrait au fil des minutes, du liquide chaud qui se déversait sur le carrelage, et de son père victorieux, ne témoignant aucune inquiétude de voir son fils inanimé. Et le cadet n'avait osé bougé, observant la scène de loin, hagard. Il n'avait rien fait. Cette inactivité étouffait son esprit, et le tiraillait de l’intérieur.  

     

     Personne n'était là pour le rassurer en ce moment, ni même ne serait-ce que pour lui tenir compagnie, ou essayer de lui décrocher un sourire, chose à laquelle il avait renoncé depuis très longtemps. Il avait mal, autant moralement que physiquement. Les joues inondées mais aussi rougies, le regard perdu et surtout amoché par son œil violacé, le cœur lacéré et l'esprit vide, l'enfant ne daignait bouger d'un millimètre, trop accablé par l'absence incertaine de son frangin. Ses deux fins bras l'entouraient, et sa tête penchait sur une de ses épaules, dépourvue de force. Tom était recroquevillé sur lui même, les genoux ramenés vers sa poitrine, à même le sol. Ses frêles mains se raccrochaient considérablement à sa salopette tachée de liquide lacrymal comme lui se cramponnait à un espoir, aussi minime soit-il, que son frère s'en sorte. D'autant plus que les médecins n'étaient pas très optimistes, ce qui accentuait la peur de ce petit bout. Il n'avait jamais conçu que Sullivan puisse le laisser si tôt, ni même le quitter tout court. C'était la seule personne qui lui témoignait de l'affection, qui le rendait heureux, et qui lui donnait un certain équilibre à sa vie d'enfant, lui qui avait vu sa candeur se brisait en éclat.

    Tom était entré dans ce monde d'adulte bien trop tôt. Il en faisait parti sans vraiment être à sa place, il ne le comprenait pas. Il n'avait pas eu le temps de s'y adapter en grandissant comme chaque être humain normalement constitué. Ce dernier se trouvait dans un univers si cruel pour son âge, que même les monstres tirés de son imagination la nuit à coté ne faisaient pas le poids. Le seul monstre bel et bien réel, était celui qui avait participé à sa conception. Il le haïssait à présent, comme jamais. Père ou pas, le mépris l'emportait sur les liens de sang.

     

    On disait que l’hôpital donnait un goût amer aux patients, ainsi qu'aux proches de ces derniers. Le garçonnet lui, ne ressentait plus rien à part de la crainte, son corps était vide de toute expression, et les larmes coulaient toutes seules et abondamment. La violence infligée à son frère l'avait fait taire, et aucun mot ni même son ne souhaitait sortir de sa bouche. La peur grandissait, et prenait un malin plaisir à torturer le jeune Tom, jusqu'à en bloquer les muscles de sa mâchoire.

     

    Sa mère avait prétexté que son fils avait fais une mauvaise chute, et que les hématomes présents sur son corps était du au handball qu'il pratiquait régulièrement la semaine, sport très violent et qui impliquait d'y donner corps et âme, mais surtout «corps». Pour Tom, elle avait simplement inventé une bagarre à l'école. Elle ne souhaitait pas révéler la vérité, malgré l'état catastrophique de ses chérubins, et surtout de son aîné. C'était trop dur à accepter, et elle ne voulait pas passer pour une faible auprès de son entourage. Le silence était capital à ses yeux. Ce qui n'était pas de l'avis de Tom, qui ne comprenait pas cette injustice, et qui aurait bien souhaité expulser le secret qu'il gardait enfoui au plus profond de lui depuis tant d'années, si il en avait le courage. Il pourrait sauver ce qu'il restait de sa famille, c'est à dire son frère (si la mort ne l'emportait pas) et lui...

     


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  • 09

     ~Narration Tyson~

     

    Le lundi. Honnêtement, qui adorait et vénérait ce jour? Une toute petite minorité sans doute. C'était le début de la semaine, et donc le retour au lycée, ce qui impliquait des dizaines de devoirs, et la folie des professeurs à supporter une fois de plus. Surtout que le week-end n'avait pas été facile, loin de là. La nouvelle avait été dure pour nous tous, ce qui rendait le lundi plus morne qu'il n'était déjà. Aucun sourire, aucune blague, aucune joie. Voici la définition exacte de cette matinée passée en compagnie de deux de mes acolytes. Toute la petite troupe se refermait sur elle même, les conversations étaient inanimées et l'ambiance loin d'être gaie. Un profond silence avait pris place, laissant tout le monde vagabonder au pays des songes. On semblait tous être très exténués aux vues des mines radieuses qu'on exposait, et nos expressions paraissaient les obscurcir.

     

    Nous nous trouvions dans ce que nous appelons couramment la cour de récréation,sur un banc, après un fabuleux déjeuner que Gaby n'avait presque pas touché. Je crois qu'entre nous, c'était elle qui était la plus accablée. De nature fragile, tout ce qui concernait son entourage l'ébranlait. Et l'atmosphère maussade qui planait au dessus de nous ne l'aidait pas forcément. Kyio lui, n'était pas venu, je ne savais pourquoi. Ce n'était pas dans ses habitudes, et je doute que ce soit à cause de Sullivan et de son mauvais état. Avec lui, il ne fallait jamais être très inquiet, il détestait qu'on se ronge les sang à son propos et être le centre de l'attention. C'est pour cette raison que je ne m'en inquiétais guère. Si il avait besoin de moi, il me le ferait savoir. Pour ce qui était de Tiara, la trêve de remarques désobligeantes n'avait pas pointé le bout de son nez. Sa récente cible semblait être la jeune nouvelle, dont personne ne tarissait de moqueries à son égard. Personne ici ne lui faisait de cadeau. Son intégration risquait d'être longue, très longue...

     

    En parlant du loup, elle passa justement devant nous, l'air désorientée, marchant peu confiante. Et la blondinette en profita pour lancer un pique:

    -Tu devrais enlever le balais que t'as dans le cul tu ne crois pas? La héla t'elle en ricanant, la suivant du regard avec intensité et profondeur. La concernée joua l'ignorante, mais j'étais sûr qu'elle avait très bien entendu. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire de toute façon. Mais Tiara comptait ne pas en rester là.

     

    -Tu pourrais au moins répondre! La politesse tu connais pas?! Cingla cette dernière en haussant un peu plus la voix, mais aucune réaction. Elle traversa le portail, et disparut de notre champ de vision aussi vite qu'elle était apparue. Tiara avait beau être une amie proche, je n’appréciais nullement son attitude. 

    Cette inattention irrita sévèrement la blondinette, qui se mit à se ronger les ongles nerveusement. Elle venait de perdre une bataille,quelque part, ça lui apprendra.

     


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  • 10

    (Musique que j'ai écouté en boucle pour écrire cette scène, à voir si vous la trouvez appropriée :p)

     ~Narration externe~

     

    Aujourd'hui était un jour comme les autres, un peu plus noir que d'habitude pour le jeune Kyio. Un jour où le besoin de se recueillir semblait vital pour lui. Il était nécessaire de se vider une bonne fois pour toute, et d'avancer, c'est ce que s'était persuadé le jeune homme sans grande conviction. Comment continuer à vivre quand la seule personne pour qui vous auriez pu mourir décide de nous quitter?

     

    Assis en face de cette précieuse pierre tombale, un bouquet composé de diverses senteurs à la main, le blondinet demeurait figé, admirant le doux portrait de sa mère adoptive gravé au dessus de son nom. Des flots d'images remontaient à la surface de sa mémoire, des paroles d'une tendresse infinie, des gestes qu'il aimerait tant redemander encore lorsque tout ne tournait pas rond. Même si ce n'était plus un enfant, il aurait aimé qu'elle reste encore pour lui prodiguer de la force, de l'amour et tout ce qui lui manquait d'une ampleur monstre. Il tentait de se dire qu'elle veillait encore sur lui, mais cette pensée en engendrait une autre qui disait qu'elle en serait peu fière à l'heure qu'il était. Il se sentait tel un déchet, une errance qui subissait des souffrances inaltérables. Son existence se résumait à un acte sexuel ou la conséquence était loin d'être désirée. Elle n'avait plus aucun sens sans cette personne. Cette femme avait bercé son enfance, endormi ses douleurs et éveillé ses joies qu'il croyait à tout jamais disparues. Cet ange qui croyait avoir regagné ses ailes, les avait brûlé en s'attachant à cette personne. Un vol ne durait jamais longtemps, et Kyio s'en était aperçu à son départ. Au passage, il avait perdu cette petite auréole au dessus de sa tête, s'engouffrant dans un cercle vicieux, une tornade ambulante qui l'emportait au fond d'un gouffre dont la profondeur était démesurée. Il voulait réduire ses jours en jouant au mauvais garçon, puisque de toute façon, gentil ou non, la vie était la même et ne l'avait pas épargné. Autant continuer de faire comme il le souhaitait, comme son instinct le guidait, bon ou mal. Les déboires l'écorchaient vif, il valait mieux continuer dans ce sens et s'érafler par sois-même selon le jeune Russel. A quoi bon essayer de remonter lorsque on est déjà bien bas, à part risquer de redescendre un jour où l'autre? La chute en serait que plus fatale.

     

    Kyio posa une de ses mains sur la tombe, la caressant du bout des doigts comme si c'était le corps de la défunte qu'il osait effleurer. Elle était si rêche, si froide, comme si le sentiment qui habitait dans l'esprit du blondinet déteignait sur celle-ci. Il ferma les yeux, espérant récupérer un peu d'énergie, de chaleur qui pourrait réanimer son cœur désormais éteint. Qu'est-ce qu'il aimerait se caler dans ses bras chaleureux, s'endormir contre elle, sentir son parfum si envoûtant qu'il aimait tant, réécoutait sa voix, légère et si angélique, la revoir, souriante jusqu'à son dernier souffle et le regardant avec admiration, et fierté. Oui, elle était fière de ce petit garçon et le lui avait toujours murmuré le soir, lorsqu'il semblait dormir à poing fermé après une histoire qu'elle lui avait contée. Tout lui revenait en tête, son premier «je t'aime», soufflé avec sincérité et qui avait illuminé les yeux de l'enfant, jusque là comblé par sa simple présence, ses baisers posés sur son front, ses joues, ses mains qu'elle passait dans ses fins cheveux blonds comme les blés. Il la voyait revivre à travers ses souvenirs, il tentait de l'amener ici, à ses cotés un court temps. Il la sentait près de lui, qui lui susurrait des mots doux, qui le protéger des débauches de la vie. Elle était là, elle avait répondu à l'appel de son besoin le plus conséquent, c'est à dire elle-même. Kyio se remémorait les fins traits de son visage au teint clair, ses pupilles bleues étincelantes à la lumière, sa prestance, sa grâce, et de sa mine réjouie lorsqu'elle le voyait. Il la rendait vivante, et ne voulait revenir à la réalité. Elle était si brusque... Le rêve, l'illusion était tellement plus merveilleux pour lui, tellement plus délicieux...

     

    Mais la beauté de cette chimère s'envolait petit à petit, grimpant dans les hauteurs de l'univers. Tout le rattrapait. Le blondinet rouvrit les yeux, revenant à lui, et les couleurs qui s'excitaient dans son imagination se refroidirent, jusqu'à en devenir sombres. Elle était partie, elle n'allait jamais revenir... La constatation faisait mal, et à cette pensée qui devenait considérable dans son esprit, l'adolescent éclata en sanglots. A chaque pas,à chaque objet qu'il fixait, à chaque rue ou lieu, son absence s'accentuait. Il avait l'impression qu'elle cherchait à le torturer où qu'il se trouvait. Mais ce n'était que lui qui ne se détachait pas du passé, qui gâchait son futur et son présent par la même occasion. Il refusait de l'oublier, il ne voulait que rien de ce qu'il s'était passé avec elle ne l'échappe, que rien ne s’efface avec le temps, elle était bien trop importante pour lui. C'était tout ce qui était à sa hauteur pour lui rendre hommage.

     

    Kyio allongea sa tête sur le monument, ses bras servant d'appui à celle-ci, laissant la cascade alimentait par ses yeux dévalait les pentes de ses joues. La douleur le broyait, il se raccrochait pertinemment à une personne qui n'était plus de ce monde. Il n'était plus lui même, il se laissait vivre, ne voulant plus découvrir le monde sans elle. Son âme s'était éteinte en même temps que ce défunt être, seul son corps demeurait encore en vie...

     

    -Maman...murmura t'il, à regret, se laissant aller pour la première fois de sa vie...

     

    Et il resta dans ce lieu sinistre encore de nombreuses heures...

     


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  • 11

     ~Narration Quinn~

     

    Matinée exécrable, que me réservait le reste de la journée? L’apocalypse sans doute. J'étais une espèce humaine rare aux yeux des gens, et ce fait me désolait un peu plus à chaque heure passait dans ce piteux établissement. Qu'il y avait-il de si flagrant chez moi pour qu'on puisse autant me chercher des poux? Je ne provoquais pas le moins du monde, je prenais sur moi, mais cela semblait alimentait les bouches de mes bourreaux. A croire que j'étais un punching-ball sur lequel on se défoulait à longueur de temps, mais j'avais un cœur, j'avais une mémoire, et ma force semblait s'écouler petit à petit pour me laisser avec une totale impuissance devant ces remarques gênantes.

    J'avais de moins en moins envie le matin de retourner au lycée, de revoir toutes ces personnes sans grande personnalité. J'étais plus que tentée de leur crier tout ce que j'endurais par leur faute, de leur lancer tous les noms d'oiseaux qui me venaient à l'esprit, et de les frapper jusqu'à qu'ils rendent l'âme, mais tout cela constituait un rêve, qui comme on le définissait, était bien souvent impossible à réaliser.

     

    L'ignorance était la meilleure des reparties selon moi, c'était un moyen de lutte. Une lutte contre les autres, mais aussi contre moi-même. J'essayais de me contrôler, d'agir comme je l'entendais, et de ne pas laisser mon cœur prendre le dessus sur ma conscience. Je refoulais ainsi les pleurs instantanés, et me vidais de moi même que tard le soir, sous ma couette, a l'abri des regards et des bruits. Je ne me laissais pas abattre devant mes harceleurs, ils en seraient que trop heureux. Je leur faisais croire que cela ne me touchait même plus, mais apparemment je n'étais pas si bonne comédienne que ça, vu qu'ils continuaient.

     

    Certes je n'avais pas un physique ni un corps très avantageux, mais je n'étais pas non plus une obèse en recherche constante de nourriture, boutonneuse, assoiffée et à l'hygiène déplorable. J'avais un poids normal, malgré une poitrine loin d'être bien généreuse et un postérieur qui avait une surface aussi lisse qu'une planche à découper.

     

    Je me trouvais en ce moment même dans les rues de la ville ou j'avais à peine emménagé, il était 13h. Je venais de finir de me rassasier dans un fast-food du coin, et je postais des annonces dans quelques boutiques au cas où quelqu'un aurait besoin de moi pour du soutien scolaire. Les bonnes notes, c'était au moins quelque chose que j'avais et qui me donnait un avenir certain. Travailler ne m'ennuyait pas le moins du monde, alors pourquoi ne pas venir en aide à ceux en difficultés pour se faire un peu d'argent? Je joignais à l'annonce mon numéro de téléphone ainsi que mon patronyme. C'était un risque, mais à mon avis il serait minime. Et puis ce serait une bonne occasion peut-être de me lier d'amitié avec quelques personnes, je ne pouvais en rapporter que du positif selon moi.

     

    Je balayais du regard chacune des rues que j'avais l'occasion de traverser, afin de me familiariser avec cette nouvelle ville. J'essayais de photographier de mémoire quelques lieux, et où ils se situaient afin de pouvoir me repérer avec le temps. De plus, l'orientation n'était pas mon fort, c'est pour cette raison que je m'éloignais peu de la ligne de métro et retenais l'arrêt auquel je devais m'arrêter pour rentrer chez moi.

     

    13h15. Mon cours débutait dans environ une heure et quart, j'avais largement le temps de profiter encore. Le climat était radieux, le soleil caressait ma peau d'une puissante énergie, mais le vent apportait une touche gracieuse de fraîcheur dans cet univers transpirant. De plus, aucun nuage ne se dessinait dans le ciel bleuté. Une parfaite osmose.

    Je me posai alors sur le banc d'un parc, décidant d'arrêter de distribuer mes annonces, admirant le paysage, me ressourçant. J'entendais le doux rire des enfants courir dans l'herbe, distinguais des mères paniquées à la simple chute de leurs enfants, des personnes d'un certain âge promener leur chien (si ce n'était le contraire), des amoureux s'embrasser à pleine bouche ardemment , ou alors des adolescents de mon âge qui discutaient, assis au sol , pliés de rire devant certaines blagues que l'un ou l'autre sortait.

    Cela me faisait penser que moi, j'étais pertinemment seule. Toute seule. Je n'avais eu de toute ma vie qu'un seul copain, et cela remontait au collège, ce qui ne comptait pas comme une véritable relation. Je ne plaisais pas aux garçons. Je ne serai à mon tour alors jamais mère d'un enfant, je ne donnerai jamais la vie, j'en étais assurée. J'étais certes jeune, et j'avais une dizaine voire vingtaine d'années devant moi, mais je savais déjà comment je finirai, aux vues de la réputation que j'avais dans ce lycée.

    Je repoussais les personnes, je ne leur donnais pas envie de faire ma connaissance, j'étais timide, renfermée sur moi même. Je ne connaîtrai donc jamais le bonheur d'avoir un enfant, ni d'avoir un copain d'ailleurs. Parfois j'avais l'envie d'être protégée, d'être embrassée, de compter aux yeux d'une personne, d'être aimée tout simplement. Tout ce brillant panorama qui se profilait devant moi n'était que mon rêve, le parfait schéma de la vie, ses parcours les plus naturels qu'ils soient, tout ce que je n'aurais pas en fin de compte...

     

    Je restai alors là une demi-heure, passant le temps comme je le pouvais lorsque vint l'heure de décoller. Je me levai, quittant ce lieu idéaliste et lumineux, m'empressant de rejoindre le métro avec hâte. Je descendais les escaliers d'une vive allure, et finis par même dégringoler et renversai quelqu'un intentionnellement. L'homme en question poussa un juron, se retrouvant au sol, à mes cotés. Immédiatement je me relevais, rongée par la culpabilité.

     

    -Je...excusez moi, je n'ai vraiment pas fais attention, je suis pressée et je ne vous ai pas vu...Pardon...Déballai-je, le stress montant en moi telle une fusée spatiale, comme si mon heure était à venir.

    Le regard de mon interlocuteur face à mon agitation s'adoucit, contrastant étrangement avec l'attitude qu'il adoptait précédemment. Il se mit à ma hauteur, s’apprêtant à répliquer.

    -Ce n'est rien, cela arrive à tout le monde. Me gratifia t'il d'un léger sourire. Vous ne vous êtes pas fais mal j’espère?

    Je rêvais. C'était moi la fautive dans sa chute, mais il s’inquiétait. C'était bien la première personne qui faisait réellement attention à moi. A croire qu'il fallait que je fonce sur des gens pour qu'on se soucie de mon existence.

     

    -Je..non ça va, merci. Baissais-je la tête, me sentant tout de même coupable, même si il semblait se porter à merveille malgré l'incident.

    -Jesse. Se présenta t'il, me fixant, ce qui me déstabilisait à un point que je n'imaginais même pas.

    -Quinn. Je viens d’emménager ici.. Répondis-je, l'épinglant à mon tour, il était hors de question de rejouer à l’associable. Je devais l'avouer, il était vraiment pas mal. Brun, les yeux verts,il semblait avoir mon âge. Sa musculature était toute tracée à travers son t-shirt.

     

    Deux amis à lui, tous aussi plaisants apparurent et se rapprochèrent alors de nous,l'air intrigué et curieux.

     

    -Bah alors mon pote, t'en mets du temps! Essaie pas de draguer, c'est pas ton genre! Ricana l'un, lui tapotant l'épaule.

    -Je drague pas, je fais juste connaissance, rien de mal à ça je crois. Rétorqua-t'il neutrement, aucunement blessé.

    -Alors présente gars! Lança le concerné, narquois, me reluquant, comme un lion avide de viande, cherchant sa proie. Son ami silencieux également, mais pas de la même manière. J'avais encore cette sensation qui s'intensifiait en moi, celle que je connaissais parfaitement au lycée, lorsque tout le monde me dévisageait, et là ce n'en était pas très différent.

     

    -Bon et bien voici Clay, le gars relou avec qui je traîne. Me fit-il un clin d'oeil, ce qui réussit à me faire décrocher un sourire ainsi qu'à être plus à l'aise. Il arrivait à me détendre, alors que je ne le connaissais que depuis quelques minutes. Et lui, c'est Glenn, il est assez timide mais c'est un chic type. Les mecs, je vous présente Quinn, elle m'est tombée dessus accidentellement. Elle est nouvelle dans cette ville.

     

    Les «enchanté» fusèrent, et dix minutes plus tard je continuai ma route. Jesse m'avait donné son numéro souhaitant me revoir. J'avais été très agréablement surprise. Il m'avait proposé de me faire visiter la ville en plus de ça dans les semaines à venir, afin que je sois sûre de ne pas me perdre. De plus ses amis avaient eu l'air de m’apprécier. J'avais enfin fais des rencontres, et j'étais encouragée à en faire de nouvelles par la suite. J'allais le rappeler, c'était certain, je n'allais pas lâcher la chance de me faire quelques amis...

     

    *Je suis pas vraiment fière de cette article, je l'avoue ^^


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